Il n’y a pas 36 alternatives !

Monsieur le Président, Madame la Syndique, Messieurs les Municipaux, chères et chers Collègues,

En août dernier, notre section se réunissait en AG afin de traiter du taux d’imposition. Après avoir étudié attentivement la situation financière de notre Commune, les membres décidaient à l’unanimité :

  • de proposer une augmentation de 6 points d’impôts et non de 3
  • de demander la mise en œuvre d’un véritable système de contrôle interne au sein de la Commune, ainsi qu’un contrôle de gestion efficient, 2 outils élémentaires pour dégager des pistes d’économies crédibles, sans altérer au bon fonctionnement des services communaux.

Fort de cette décision et après avoir pris connaissance des différents documents remis depuis par le service des finances, le groupe socialiste dépose un amendement dans ce sens et propose ainsi d’augmenter à 79 %  le taux du coefficient de l’impôt communal.

Pour la section, la situation financière dans laquelle se trouve Vevey est jugée durable et non conjoncturelle. Elle n’est pas due à une mauvaise gestion des deniers publics ou à des services sur-dotés. L’augmentation mesurée des charges sur lesquelles la Commune à la « main », hors charges liées à des engagements cantonaux ou régionaux, est là pour en attester.

La situation déficitaire que l’on connait est donc imputable pour une part prépondérante aux coûts des infrastructures et des services inhérents à une ville « centre ». Une étude récente mandatée  par la Conférence des directrices et directeurs des finances des villes (CDFV) le confirme très clairement. Pour celles et ceux que cela intéresse, la situation de Gossau (canton de St-Gall, 17’700 habitants) est parlante.

Les villes-centres, comme l’est Vevey, financent ainsi de multiples prestations qui ne sont que partiellement compensées par des contributions cantonales ou régionales. Le coût des transports privés pour la communauté est mis en avant, par exemple.

Aujourd’hui, les charges relatives aux prestations et aux infrastructures sont supérieures aux moyens financiers actuels de notre ville. Ce n’est pas supportable à long terme. On parle ainsi de déficit structurel.

Face à ce constat, des mesures s’imposent et il n’y a pas 36 alternatives.

Le PS se positionne donc clairement pour une augmentation des recettes d’un côté et des mesures d’économies ciblées de l’autre, économies qui ne doivent en aucun cas affecter les prestations proposées à la population et empêcher tout développement de la ville, au niveau des investissements entres autres. En termes d’économies, le groupe PS s’engage à soutenir globalement le volet d’économies d’un peu plus de 1 mio que la Municipalité a introduit dans le budget 2018.

Nous pouvons retourner dans tous les sens les données budgétaires 2018 dont nous disposons, il manque toujours entre 1,5 et 2,5 mios pour atteindre l’équilibre. Nous avons pourtant pris en compte les recettes supplémentaires relatives aux + 3 points d’impôt, ainsi que le million d’économies que propose la Municipalité. Ceci explique notre amendement.

Vous me direz : mais pourquoi le groupe PS n’a-t-il pas suivi la proposition d’amendement que Décroissance-Alternative déposait l’an dernier, avec une augmentation de 3 points d’impôt à la clé ? Fallait-il reculer pour mieux sauter ?

Deux éléments de réponse :

  • Nous disposons aujourd’hui des données qui nous manquaient l’an dernier et qui nous permettent de mieux appréhender la situation financière de la ville, nous pensons à l’évolution des rentrées fiscales qui ont tendance à stagner.

A noter que cette stagnation des recettes fiscales touche également le canton de Vaud.

  • La Municipalité présente cette année des mesures d’économies « 2018 » étayées ; la liste proposée nous ainsi paraissant globalement acceptable.

Pour le groupe PS, la hausse de 6 points d’impôts est la seule manière de tendre vers l’équilibre financier  en maintenant les prestations à la population, tout en tenant compte des charges liées à des engagements cantonaux et régionaux. De plus, cela évite de trop recourir à l’emprunt, même si ce dernier est aujourd’hui « bon marché ».

A l’inverse, refuser toute augmentation d’impôt, c’est pousser la Municipalité et ses services à prendre des mesures d’économies drastiques; mesures qui ne pourront se faire sans impacter durablement les prestations proposées à la population. Voulons-nous réduire le nombre de places dans les crèches/garderies ? Voulons-nous réduire la voilure de nos musées/théâtres ? Comment voulons-nous entretenir notre patrimoine ? A ces interrogations, le groupe socialiste répond clairement par le non.

Le PS est conscient de l’effort demandé; il ne le fait pas de gaité de cœur. Il assume pleinement sa position et est prêt à expliquer les raisons de sa position auprès de la population. A voir s’il le fera avec autant de « rondeur » que Pascal Broulis, dans sa publication « L’impôt heureux » !

Pour terminer et à titre d’information, l’augmentation de + 6 points d’impôt pour une famille avec 2 enfants, dont le revenu imposable est de 100’000.-, représente un effort d’environ 30.- par mois.

Vincent Matthys