Face à la gesticulation politique, la protection des locataires

Le groupe socialiste a interpellé la Municipalité pour s’enquérir du futur des locataires de l’Av. Général-Guisan lors du dernier Conseil communal suite à l’article paru dans le 24heures  (ndlr. Une barre d’immeubles comprenant logements, dépôts, commerces et places de parc sera cédée au plus offrant fin mars)

L’interpellation ci-dessous a été posée :

Cela n’aura échappé à personne, il y a une sacrée mise aux enchères en vue à Vevey. Au vu de la somme prévue, notamment en terme de rénovation et sans même parler du montant d’achat, c’est un propriétaire privé qui gagnera la mise aux enchères. Car même si le conseil communal pourrait théoriquement voter un montant maximum pour que la Municipalité participe à la vente aux enchères, cela reviendrait à jouer au poker en montrant ses cartes aux adversaires. Autrement dit, ce scénario est à oublier, raison pour laquelle je déplore qu’aucune discussion n’ait eu lieu en amont avec le propriétaire, avant que ces biens soient saisis. S’il y en a eu, je saurai gré à la Municipalité d’en informer le Conseil.

Reste une hypothèse que je pose ici avec beaucoup de conditionnel ; si la L3PL est acceptée le 12 février, que le règlement d’application se fait en très peu de temps, la Ville pourrait théoriquement se porter acquéreur une fois la mise aux enchères soldées et le montant connu avec le droit de préemption ?

Quoi qu’il en soit, la marche de manœuvre de la municipalité étant, semble-t-il, plutôt restreinte, nous posons les questions suivantes à la Municipalité :

  • Est-ce que la Municipalité a eu des discussions avec le propriétaire avant que ces biens soient saisis ?
  • Pourquoi le service du logement n’était pas au courant ?
    • Si c’est le cas, qu’attend la Municipalité pour mettre en place un observatoire du logement?
  • Est-ce que la Municipalité prendra contact avec le futur propriétaire, notamment en cas de demande LDTR, afin de s’assurer au mieux du maintien des locataires actuels ?
  • D’une manière plus générale, est-ce qu’une réflexion est en cours sur les parcelles « disponibles » ou celles « prochainement disponibles », je pense par exemple à la Providence ? Le Conseil est d’ailleurs toujours en attente d’une réponse de la Municipalité suite à une interpellation déposée par le PS le 28 janvier 2016.
  • La seule chose intelligente à faire, en découvrant dans la presse cette vente, est d’initier une politique pro-active afin d’éviter ce scénario à l’avenir, notamment en créant un observatoire du logement.

Il faut savoir que la marge de manœuvre de la Municipalité est quasi nulle. Non seulement une coopérative qui a les reins assez solide pour sortir plus de 30 mios n’existe pas, et, même si la Municipalité n’a ni les moyens ni la possibilité de participer à la mise aux enchères, il est illusoire de croire qu’une Commune puisse participer à une vente aux enchères. Pourquoi ? Le budget aurait du passer devant le Conseil communal et donc être publique. Ainsi, lorsque tous les « adversaires » (c.f. ceux qui participent à la vente aux enchères), connaissent le montant de la mise maximale, comment peut-on sérieusement prétendre pouvoir participer à une mise aux enchères ? Pour ceux qui ont déjà joué au poker, c’est comme faire une partie en montrant ces cartes aux adversaires. Autrement, c’est illusoire de prétendre pouvoir gagner.

Les deux véritables questions, comme le pose cette interpellation, c’est de savoir ce qu’on peut faire pour garantir aux locataires actuels une sécurité du logement, et je pense d’ailleurs à eux qui ont appris la nouvelle comme nous dans la presse. Et comment faire pour avoir une politique pro-active du logement, notamment afin d’éviter que ce scénario se reproduire à Vevey.

Pour ça, il n’y a pas 36’000 solutions et un observatoire du logement en est une. Le postulat du parti d’extrême gauche Décroissance-Alternative qui demandait d’acheter ces bâtiments était de la gesticulation politique à quelques mois des élections cantonales.